[Critique] Mortal Engines : Ennui Road
[Critique] Mortal Engines : Ennui Road
Le recyclage de franchises cultes et les suites sans fin peuvent lasser le spectateur en quête de films neufs, réellement novateurs. Peter Jackson, le célèbre réalisateur de la trilogie Seigneur des Anneaux, a apparemment entendu leur appel et a décidé de produire et de participer au tournage de Mortal Engines, réalisé par Christian Rivers, son story-boardeur et technicien des effets spéciaux depuis Braindead. Leur affinité personnelle explique l’implication notable de Peter Jackson dans ce long-métrage se déroulant dans un univers post-apocalyptique. A la suite d’une guerre sans précédent, la Terre a été ravagée et la civilisation telle que nous la connaissions a laissé place à d’imposantes cités mobiles. Pour assurer leur pérennité, les plus grandes villes traquent les bourgades plus modestes pour récupérer leurs ressources.
Ce pitch me laissait penser que ce long-métrage donnerait lieu à des courses-poursuites épiques dans un univers dévasté comme avait su le faire Mad Max : Fury Road. La bande-annonce de Mortal Engines me confortait dans l’idée que son postulat de base permettrait d’assister à un film survitaminé, mettant l’accent sur les villes-véhicules et sur les affrontements nécessaires à leur survie. Je restais persuadé de voir un long-métrage semblable au magnifique film de Georges Miller par certains aspects.
Et bien pas du tout. Mais alors vraiment pas. Les grosses voitures roulant sur des terres désolées ne sont finalement qu’un subterfuge pour vous embarquer dans un récit classique et niais au possible. Accrochez votre ceinture et en route pour vous parler de cette désillusion !
Comme j’ai pu le sous-entendre, je nourrissais de réelles attentes vis-à-vis de Mortal Engines. Le concept d’un nouveau monde sans attaches, découlant d’une apocalypse créée par l’Homme contre lui-même, peuplé par des véhicules mobiles sur terre ou dans les airs me plaisait vraiment et me paraissait être une bonne alternative à la proposition de Georges Miller pour les Mad Max. Ce fondement supposé de l’univers du film, énoncé même dans son titre, se retrouve rapidement relégué au second plan. La seule vraie course-poursuite du film se trouve dans ses cinq premières minutes, et avait déjà été montrée quasiment en intégralité pour servir à la promotion du film. Je comprends tout à fait ce choix judicieux puisque la scène dispose d’un minimum d’action et de tension lors d’une confrontation entre deux véhicules symbolisant deux communautés essayant de survivre, pile ce que j’attendais de ce film. Malheureusement, le film expédie son principe de base aux oubliettes pour s’enliser dans une histoire amoureuse convenue et mièvre. Elle se révèle si peu originale et pénible à suivre que j’en regretterais presque celle de Darkest Minds : Rebellion, c’est dire. Le spectateur se retrouve obligé de suivre des personnages lourdement stéréotypés, ce qui ne donne nullement envie de s’y intéresser. D’autant plus que Tom, le protagoniste masculin, est juste insupportable. Des têtes à claques, j’en ai vu, mais lui arrive à battre des records. La scène dans la tranchée, se situant pourtant au début du film, m’a achevé de me faire détester ce personnage invivable.
Le scénario fait peine à voir à l’écran tellement il se présente dénué d’originalité. Il dispose tout de même quelques éléments un peu plus palpitants que l’intrigue principale. Les personnages d’Anna Fang et de Shrike ont le mérite de proposer des situations et des vécus efficaces bien que maintes fois exploités. Par contre, le design et les effets déployés pour Shrike le font ressembler à un méchant lambda, tout droit sorti d’un jeu Playstation 2 générique. Heureusement, l’œil finit par s’y habituer et à ne plus relever cette différence de qualité visuelle mais sa première apparition m’a interpellé tellement il dénote avec le reste des éléments visuels du film, réussis pour la plupart.
Sa relation avec Hester Shaw, l’héroïne n’a rien de neuf mais aurait mérité d’amener plus d’enjeux et pas seulement quelques scènes larmoyantes déjà vues en plus d’une partie de chat autour du monde. Anna et son escouade aurait également dû être bien plus développés selon moi car il représentait l’une des seules bonnes idées du film. Malheureusement, le premier (et sûrement le dernier vu le flop commercial que je juge mérité) volet de cette licence a préféré ne garder que son duo insipide pour la suite.
Je me sens obligé d’enfoncer davantage le clou les concernant tellement leur relation et son évolution m’ont exaspéré. Ni l’héroïne faussement froide et solitaire, ni le benêt issu d’une grande ville ne donnent envie de s’identifier à eux et encore moins de s’intéresser à leur aventure. De plus, les acteurs n’aident pas spécialement à rendre ces personnages convaincants. Jihae, l’actrice qui incarne Anna et dont l’activité principale est autrice-compositrice-interprète, s’en sort clairement mieux qu’eux. Son personnage, sous-exploité et presque réduit à un cliché d’asiatique maîtrisant les arts martiaux avec des lunettes de soleil à la Matrix, m’a davantage captivé et intrigué en une scène que le duo principal durant tout le film ! Hugo Weaving, qui n’a pas à prouver son talent car il a justement joué dans Matrix et dans V pour Vendetta, se retrouve ici à incarner un personnage creux avec des motivations décelables dès sa première apparition. J’imagine que tout le monde doit payer ses factures, ce qui explique qu’il se soit impliqué dans un projet de ce genre, de même pour Stephen Lang (Avatar, Don’t Breathe), qui devait incarner un personnage tellement secondaire que je n’ai appris sa présence dans le film qu’en me renseignant sur le casting pour cette critique !
Mortal Engines déçoit terriblement car, derrière un postulat de base intriguant et des véhicules imposants évoluant dans un monde ravagé par l’Homme, il n’est en fait qu’un ramassis de clichés autour d’une histoire amoureuse inintéressante. Tout est tellement issu d’un recyclage scénaristique que j’hésite à arrêter le tri sélectif ! Les protagonistes très vite irritables peinent à captiver tant leur relation est poussive, tandis que l’antagoniste semble être en pilote automatique tellement il ressemble à tous les méchants de tous les films en manque d’inspiration. Malgré ses effets spéciaux globalement réussis permettant de faire vivre à l’écran une cité mobile gigantesque et une escale dans le ciel pour vaisseaux , le personnage de Shrike pique les yeux lorsqu’il surgit pour la première fois à la poursuite des héros. Pourtant, il est, avec le personnage à la limite du cliché raciste d’Anna Fang, l’une des seules bonnes idées du film. Ces personnages secondaires n’échappent pas au manque d’originalité du long-métrage, mais parviennent tout de même à donner lieu à des scènes un tant soit peu agréables. Seulement, le film préfère se focaliser sur la relation entre la jeune fille issue d’un modeste village avide de vengeance et l’adolescent londonien ouvrant petit à petit les yeux sur le monde qui l’entoure. Si vous ne voulez pas perdre votre temps et vous ennuyez face à ce film étiqueté Peter Jackson, une seule solution :
Fuyez, pauvres fous !
J’espère que cette critique vous aura plu ! Elle aurait dû voir le jour avant la nouvelle année, mais nos vacances annuelles ont décalé mon planning. C’est l’unique raison à cette sortie un peu tardive, et pas du tout parce que je n’arrivais pas à trouver la motivation de parler de ce film tellement il m’avait déçu. Pas du tout. Quoi qu’il en soit, je vous remercie de m’avoir lu jusqu’ici, et je vous dis à bientôt ! 😉