[Review] Amnesia Tome 2
[Review] Amnesia Tome 2
En terminant la lecture du premier tome d'Amnesia, un sentiment de fadeur m'était resté en travers de la gorge. De ce fait, j'étais convaincu que ma lecture de ce manga n'irait pas plus loin. Pourtant, j'ai découvert au cours de mes recherches pour ladite review que le manga ne comportait que trois tomes. En plus de cette information, ces trois tomes trônaient fièrement dans les étagères de la bibliothèque où je me rends. Le hasard et la curiosité ont eu raison de moi, j'ai donc lu le tome 2 du manga de Yoichiro Ono. Ai-je bien fait ? On va voir ça ensemble.
Noa Ikurumi, kid'z mais aussi créateur de l'Arec, la bombe qui a causé l'amnésie totale d'un million de japonais, prépare un plan d'évasion pour rejoindre la surface et ainsi quitter Tokyo Geofront, la ville souterraine où vivent les kid'z. Avec l'aide de Himiko, son ancienne fiancée, il compte bien parvenir à ses fins et redonner leur liberté à ses amis et à tous les kid'z. Dans le même temps, le congrès sur la "maladie du 11 janvier" a été reporté suite à l'intrusion de Noa et de Himiko. L'événement est rendu doublement exceptionnel par un médicament décrit comme révolutionnaire qui y sera dévoilé, mais aussi par la présence du premier ministre japonais Terumi Tojo et de la présidente américaine Miller. Entre trahison et rêve d'exode, les plans de Noa pourraient ne pas se passer comme prévu.
Dans ce second tome, le récit prend le temps de se poser pour développer les relations qu'entretiennent les personnages entre eux et pour montrer les secrets dont regorgent Geofront. Le rythme se dévoile bien plus maîtrisé que dans le premier tome sous adrénaline, l'histoire devient donc immédiatement plus intéressante et agréable à suivre. De ce fait, j'ai par exemple découvert l'existence d'une pléthore d'autres amis de Noa, anecdotiques mais tout de même sympathiques. Notons, par exemple, Keizo Onishi, un vieil homme de soixante-dix ans qui souhaite "jouir" de sa nouvelle vie et de la jeunesse psychologique qu'il a retrouvé. Dans le même ordre d'idée, il y a aussi Yuka Asaka, une quarantenaire en mal d'amour et qui rêve d'une romance fantasmée. Ils étaient également présents dans le premier tome, mais d'une manière si brève que je ne m'en suis rendu compte qu'en le relisant.
Les enjeux d'Amnesia continue de s'installer dans ce second tome, à travers de nouveaux personnages centraux. Les deux plus importants sont la présidente Miller et le ministre Tojo, figures respectives des Etats-Unis et du Japon. Ils restent mystérieux jusqu'à la fin du tome, mais le style graphique utilisé pour les dessiner trahit leurs intentions malveillantes et nourrit les soupçons du lecteur. En effet, ces deux personnages paraissent bien plus artificiels et inhumains que le reste des habitants de Geofront à cause d'un trait paradoxalement plus réaliste et un encrage plus marqué. A vouloir les représenter comme des humains ordinaires, les deux politiciens se démarquent de tous les autres personnages par leur étrangeté.
L'autre personnage important introduit ici est Kiyomaro Yoshihara, un sabreur aveugle hors pair. Il est l'attraction phare du casino secret et illégal de Geofront, et un ami de Noa Ikurumi. Ensemble, ils vendent régulièrement sur le marché aux valides, toujours de manière clandestine. Son design est intéressant tout autant que la relation qu'il entretient avec Noa. Kiyomaro est à la fois un ami proche de Noa, mais il se montre aussi très distant vis-à-vis de lui, et se dit prêt à l'abandonner à la moindre occasion pour garantir sa propre survie. Le personnage reste tout de même encore bien mystérieux, et j'espère que le dernier tome du manga permettra d'en apprendre davantage sur lui.
Le seul vrai défaut que je trouve au tome 2 d'Amnesia est la place accordée à Himiko. Présentée d'abord comme une femme entreprenante et forte, elle se retrouve ici refourguée au rang de bimbo dont la plastique est régulièrement mise en valeur sans raison apparente. A travers un costume de lapin pour aguicher le chaland ou dans son bain, toutes les situations sont propices à rappeler à quel point l'ex-fiancée de Noa est séduisante, dans la plus grande tradition du fan-service pur et simple, à l'instar de Blair dans Soul Eater ou de Lucy dans Fairy Tail. La situation me paraît regrettable, heureusement que son double rôle (que je ne vous spoilerais pas) lui donne tout de même un peu de consistance. Il permet aussi et surtout au personnage d'être un des pivots de ce second tome, et les conséquences de ses actes seront encore plus retentissantes dans la suite du manga.
Par contre, la grande surprise du tome réside dans la direction qu'a décidé de prendre le mangaka Yoichiro Ono avec son personnage principal. L'ambiguïté planait autour de Noa dans le premier tome, le lecteur ne savait pas réellement si Noa était bel et bien le terroriste recherché. Dans ce second tome, la réponse est donnée : Il l'est. Et il ne s'en cache même plus, à part devant ses amis kid'z. Désormais déterminé à échafauder un plan d'exode pour permettre aux kid'z de rejoindre la surface, le lecteur découvre en même temps que Himiko son matériel, ses activités dans le casino illégal de Geofront et ses rêves de liberté. Ce retournement de situation m'a surpris, et donne une profondeur toute particulière au protagoniste d'Amnesia. L'absence quasi-totale de son nemesis Tokiwa, le policier vouant une haine infinie aux kid'z, me laisse espérer qu'un affrontement dantesque aura lieu dans le dernier tome.
Après un premier tome plutôt quelconque, Amnesia déploie pleinement son intrigue et propose un rythme plus posé au service d'un récit qui se révèle plus fourni et bien plus original qu'au départ. Le sentiment de banalité que j'avais ressenti à lecture du tome 1 s'est évaporé avec cette suite audacieuse, dans laquelle le personnage principal s'affirme en tant que terroriste anti-valides, position plutôt osé pour un shônen. Le cliffhanger laisse en haleine, et donne furieusement envie de découvrir la fin d'Amnesia !