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[Review] Dejah Thoris #0

[Review] Dejah Thoris #0

J’ai eu l’occasion de vous parler récemment du numéro zéro de Sheena, Queen of the Jungle. Introductions à des récits autour de personnages relativement obscurs, ces issues à 25 cents proposées par Dynamite se sont présentées à moi comme de bons moyens de s’immiscer dans de nouvelles histoires sans trop se ruiner. Après la reine de la jungle, j’ai donc plongé dans les aventures de Dejah Thoris, la princesse de la cité martienne Lesser Helium, l’une des deux grandes cités jumelles qui constituent l’un des grands royaumes de Barsoom (l’autre nom donné à la planète Mars) : Helium. Cette dernière, après avoir entendu parler de l’existence des mystérieux jardins d’Ephysium par son grand-père, décide de partir à la recherche de ce lieu légendaire, plein de ressources et de vie, là où se trouve désormais des royaumes désertiques et en guerre.

Cette nouvelle série dédiée au personnage est scénarisée par Amy Chu, qui a travaillé sur Poison Ivy : Cycle of Life and Death chez DC ou sur Red Sonja, notamment sur l’histoire L’Autre Monde dont nous avions déjà parlé. La partie graphique est assurée par Pasquale Qualano, le dessinateur de certains chapitres de Batman ’66, de DC Comics Bombshell ou de She-Hulk. La série se présente comme le prequel à Une princesse de Mars, l’histoire originale d’Edgar Rice Burroughs, le créateur du personnage.

L’histoire que commence à développer Amy Chu dans ce chapitre introductif ne surprend à aucun moments. Vue et revue, cette intrigue se montre complètement éculée avant même qu’elle n’est réellement démarrée. De ce fait, le lecteur sait pertinemment ce qui va arriver à cette princesse en quête d’aventure. Bien que la fin de cette issue semble promettre des péripéties plus palpitantes à l’avenir, l’élément perturbateur est désamorcé dès sa première apparition dans le chapitre tellement il manque de singularité.

D’ailleurs, il est dommage de constater que Dejah Thoris dispose d’un développement assez pauvre. Bien qu’un peu espiègle, elle est surtout montrée comme une jeune fille assez naïve, ce qui la place automatiquement dans un cliché regrettable. De plus, là où Marguerite Bennett avait su désexualiser un personnage aux attraits physiques indéniables, la plastique de Dejah Thoris est ici, au contraire, constamment mise en valeur par sa tenue quasiment inexistante, mais aussi par de nombreuses cases exhibant son postérieur sans autre véritable but. Ses fesses interfèrent avec les quelques informations que cherchent à délivrer les cases en question, et viennent inexorablement attirer le regard du lecteur. Cette objectification du corps de Dejah Thoris me paraît superflue et fâcheuse, surtout car elle est une princesse, c’est-à-dire un personnage censé être influent, important et pas seulement réduit à son enveloppe charnelle. Même son armure du guerrière n’arrive pas à estomper totalement cette sursexualisation. Il aurait été plus pertinent de caractériser ce personnage afin qu’il puisse rivaliser à l’avenir avec John Carter, et ne pas simplement le laisser se complaire dans son statut de love interest écervelé.

Cependant, ce chapitre zéro n’est pas complètement dénué d’intérêt. Encore une fois, ce sont les illustrations qui valent vraiment le détour. La colorisation de Valentina Pinto apporte un côté enfantin aux dessins de Pasquale Qualano. Le résultat en est très appréciable et correspond bien à la vision du monde de Dejah Thoris, encore digne d’une enfant à bien des égards. La cité de Lesser Helium et les vêtements royaux semblent inspirer des spartiates, ou des égyptiens. Ainsi, le grand-père de Dejah Thoris paraît sortir tout droit de 300, comme une sorte de Leonidas assagi. Les quelques créatures extraterrestres présentes dans cette introduction sont cependant assez quelconques. Je suppose qu’un grand « singe blanc » et un ersatz du Martian Manhunter ne représentent qu’une infime partie du bestiaire de l’œuvre d’Edgar Rice Burroughs, et j’espère qu’il sera bien plus déployé dans la suite de cette série.

Dejah Thoris #0 souffre d’une fragilité scénaristique évidente. Il se présente alors comme un point de départ stéréotypé, qui pourra tout aussi bien s’améliorer par la suite ou être le reflet de la qualité globale du titre. De plus, la caractérisation superficielle du protagoniste empêche de se sentir réellement impliqué dans la péripétie qui lui arrive dans ce chapitre introductif. Pour ne rien arranger, le corps de cette princesse crédule se retrouve sans cesse mis en valeur abusivement. Un tel écueil décrédibilise de fait la mentalité supposée aventurière et combattive de Dejah Thoris. Pourtant, des idées intéressantes sont présentes dans ce chapitre mais à peine développées, comme le contexte géopolitique de Barsoom, opposant différentes factions dans une guerre terrible. Heureusement, la partie graphique se révèle efficace et rehausse l’intérêt global de ce comics. Sans être bourrée de détails, les illustrations parviennent à retranscrire correctement les décors du palais d’Helium et la technologie utilisée par la citée. De plus, les quelques crayonnées présents à la fin de l’issue sont bienvenues et permettent de se rendre compte de la qualité du trait de Pasquale Qualano. Les créatures extraterrestres, malgré la banalité de leurs designs, présentent une variété d’être vivants sur la planète rouge qui mériterait à être étayée par la suite. Cette introduction en demi-teinte n’est pas une lecture désagréable en soi. Elle ne remplit cependant pas son but premier, celui de captiver suffisamment le lecteur pour qu’il est envie de découvrir la suite de la série.

Cette review est à présent terminée ! J’espère qu’elle vous aura plu, bien qu’elle porte une fois encore sur un court comics. Mais promis, je reviens très prochainement vers vous avec des lectures plus longues et donc des avis plus argumentés. :p

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