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[Review] Gannibal Tomes 1 & 2

[Review] Gannibal Tomes 1 & 2

Hello mes petits cannibales, j’espère que vous allez bien en ce moment ! Je vous évoquais dans ma dernière critique sur Egregor que je m’apprêtais à vous parler d’un nouveau titre issu du catalogue Meian Éditions. L’éditeur m’a en effet fait parvenir les premiers tomes de Gannibal et j’ai décidé de vous en parler tant le début du manga m’a happé !

Le mangaka Masaaki Ninomiya signe une série de type thriller horrifique prenant place dans un petit village reculé dans la montagne à la paix troublée par des événements sinistrement étranges. Daigo Agawa, un policier, s’installe dans le bourg avec sa famille afin de remplacer son prédécesseur disparu de manière inexpliquée. De ce postulat de base découlera une enquête intense, pleine de suspense et de mystères macabres. D’ailleurs, avant de commencer, je me dois quand même de vous rappeler que Gannibal se réserve évidemment à un public averti dû à la forte présence de gore, de scènes trash, de passages violents et de sexe en son sein !

Dans son introduction, le manga s’intéresse spécifiquement à l’arrivée de Daigo Agawa et sa famille dans le petit village de Kuge, un village a priori paisible, sans histoires, logé au haut d’un sommet montagneux. Une animosité tacite des locaux fustige le nouveau venu. L’ambiance de Gannibal, pouvant rappeler celle de Hot Fuzz et des péripéties de Nicholas Angel expédié au fin fond de l’Angleterre, se distingue par son sérieux et par sa gravité affichée. L’ancien représentant des forces de l’ordre ayant subitement disparu après avoir qualifié les villageois de « cannibales », la prise de fonction de Daigo n’est pas forcément vue d’un bon œil au sein du village et ajoute une tension imperturbable au lieu. L’officier plonge dans un univers rural hostile, à l’instar de Leon S. Kennedy dans le quatrième opus de la saga Resident Evil avec la même indistinction sur l’humanité des autochtones.

Très rapidement, Daigo est sollicité sur une scène de crime. Un cadavre gît dans la forêt. En se rendant sur les lieux, le commissaire fait la connaissance de la famille de la victime, le clan Gotô, une lignée très énigmatique détestée et crainte par les autres habitants du village. Pendant que Daigo s’entretient avec les Gotô, et particulièrement avec Keisuke, sa fille fugue du domicile familial pour revenir le lendemain matin avec une trouvaille des plus inquiétantes : un doigt humain coupé. Petit à petit, Daigo continue de rencontrer et de s’entretenir avec les membres de la famille Gotô, tous plus sinistres les uns que les autres.

À force de les côtoyer, Daigo s’intègre progressivement aux Gotô jusqu’à être initié à leurs traditions les plus occultes. Il se sort d’ailleurs de justesse d’un déchiquetage pendant la battue de l’ours qui a tué la grand-mère de la famille Gotô. Une fois l’ours mort, le clan mystérieux propose à Daigo de participer à un étrange rituel : manger de l’ours afin que la grand mère vive en eux éternellement.

D’autres évènements, déconnectés des Gotô cette fois, surviennent à la fin de ce premier et durant le second, dont la rencontre avec la fille du policier disparu : Sumire. Toute cette investigation confirme et renforce les doutes, les suspicions du nouveau policier en fonction. Daigo choisit alors de prendre les rumeurs sur les faits de cannibalisme et sur le clan Gotô au sérieux pour la suite de son enquête.

Son avancée se voit fortement contrariée puisque le policier se confronte à des membres du clan Gotô particulièrement agressifs. Ces derniers le menacent et lui révèlent l’existence de « Lui« , l’homme à la tête des Gotô décidant de tout au sein de la famille. « Lui » se révèle être un homme avec un aspect très zombiesque aux yeux blancs, dégageant une forte odeur pestilentielle. Ce personnage très inquiétant et énigmatique cache assurément de nombreux secrets à Daigo et au lecteur. Toutefois, sa force n’est déjà plus à prouver puisqu’il réussit à envoyer le policier à l’hôpital.

Parallèlement aux secrets opaques liés aux Gotô, le deuxième volume de Gannibal dévoile une partie du passé de la famille Agawa, notamment sur les raisons de la mutation du policier et du mutisme de sa fille. Ces événements supposés extérieurs au village de Kuge resurgissent de manière inexplicable.

Les dessins constituent clairement un des points forts du titre et de son auteur ! Le niveau de détails des planches impressionne, l’auteur n’y néglige rien, ni les décors, ni les personnages, principaux comme de second plan. Les visages très expressifs et le réalisme apposés aux corps, aux visages parviennent à donner vie aux personnages et à cet univers morbide. Cette précision transmet un large spectre d’émotions, de l’horreur graphique lors de moments plus gores à de la mélancolie, de la tristesse amère durant des passages plus intimes.

Le naturalisme désenchanté de Masaaki Ninomiya octroie à certaines scènes la capacité de stresser son lectorat, voire même de parvenir à le dégoûter. Je ne suis pas habitué à lire ce genre de mangas horrifiques ou policiers et, bien que j’apprécie des seinens visuellement choquants tels que Berserk, Gannibal m’a quand même estomaqué !

Les deux premiers tomes de Gannibal immergent le lecteur dans une enquête inquiétante, à la paranoïa et l’horreur croissantes. Page après page, Maasaki Ninomiya parvient à rendre son récit de plus en plus passionnant et à impliquer émotionnellement son lectorat. L’identification avec Daigo s’avère fortement réussie, le lecteur découvre avec lui l’intrigant village de Kuge, aux habitants tantôt stressants, tantôt angoissants ou violents.

Ce manga se présente à mes yeux comme une franche réussite, à conseiller cependant à un public averti et adulte uniquement. L’ambiance malsaine et répugnante qui nimbe constamment ce titre met mal à l’aise le lecteur, le décontenance, l’émeut même sans pour autant le rebuter gratuitement. Quand je me suis lancé dans la lecture de ce manga publié par Meian, je m’attendais à quelque chose de sympa, mais il s’avère que j’ai dévoré (Gannibal, cannibale, dévorer, tout ça tout ça…) les quatre premiers tomes d’affilée, sans voir le temps passer et je n’ai pas honte de vous le dire : c’était vraiment très très bon, voire trop court !

L’auteur parvient à instaurer une ambiance anxiogène dans un récit où la famille Agawa paraît constamment en danger. Les mystères s’épaississant progressivement transmet au lecteur un fort sentiment d’inconfort et de tension dont il ne se détache jamais véritablement. En lisant ces premiers tomes, je me sentais directement agressé et plutôt anxieux pour cette famille pour laquelle je ressentais une réelle empathie. Ce lien puissant entre le lecteur et les protagonistes prouve que Maasaki Ninomiya maîtrise les codes du thriller horrifique qu’il déploie. Cet univers poisseux peut se qualifier en des termes simples mais impactants, à l’instar de sa propre efficacité narrative. Malsain, sale, gore et inquiétant, Kuge et sa montagne isolée correspondent parfaitement à ces adjectifs.

Pour une fois, et il me paraît important de le préciser, le héros dépeint dans cette aventure qui l’accable moralement comme physiquement s’avère intelligent, réfléchi et dispose de réactions sensées. Il ne fonce pas tête baissée dans les ennuis et ne fuit pas non plus devant le danger en attendant patiemment sa mort comme dans la plupart des films ou séries d’horreurs actuelles. Daigo laisse transparaître une humanité crédible et agit de manière vraisemblable, contribuant ainsi à l’intensité des passages horrifiques, visuellement marquants. Pour faire bref, Gannibal s’impose comme un seinen incroyable à recommander aux fans avertis d’horreur, d’enquêtes pour son écriture réussie et ses dessins âpres, cohérents avec la gravité de l’intrigue narrée.

Et voilà, j’espère que cette critique vous aura plu ! Si vous décidez de passer le pas et découvrir cette bonne surprise personnelle qu’est Gannibal, n’hésitez pas à m’en parler en commentaire de cet article ou sur nos réseaux sociaux. À très vite !

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