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[Review] Le Mandala de Feu

[Review] Le Mandala de Feu

Mangetsu dans les bacs !

Hello à tous les amis ! Pour une fois, je m’éloigne de ma zone de confort en termes de critiques… Et en même temps, pas vraiment. Vous allez voir. En effet, cette review porte sur un manga issu du line up d’un nouvel éditeur du paysage français ! Mangetsu a vu le jour il y a peu de temps comme filliale de Bragelonne, à l’instar de HiComics. Et pour cause, Sullivan Rouaud s’avère aussi aux commandes de ce projet éditorial neuf. Responsable éditorial dans la branche comics, l’ancien de Comicsblog officie chez Mangetsu en tant que directeur de publication.

Le catalogue de Mangetsu semble miser sur une offre très diversifiée avec notamment Ao Ashi, l’intégrale de Junji Ito, Chiruran, Keiji mais aussi le manga dont nous allons parler aujourd’hui. Le Mandala de Feu, tel est son nom, profite d’une édition particulièrement soignée. La version française du titre de Chie Shimomoto se dévoile dans un format plus grand que les mangas standards. Mais, au-delà de ce critère appréciable de taille, le papier paraît de meilleure qualité qu’à l’accoutumée. Ces détails éditoriaux optimisent le confort de lecture et visent d’office à distinguer l’objet, et la maison d’édition qui en est à l’origine, du reste des étagères.

Le Mandala de Feu retrace notamment l’histoire vraie du légendaire Hasegawa Tōhaku, un peintre japonais du 16eme et 17eme siècle. Le manga, intitulé Enshoku no Mandara dans sa version originale, est dessiné et scénarisé par Chie Shimomoto, une mangaka japonaise. Son nom ne vous dit probablement rien puisque son œuvre n’a jamais été publiée en France. Le lectorat francophone dont je fais partie découvre donc avec Le Mandala de Feu le travail de Shimomoto, qui a aussi notamment créé Kabuki Hime – Tenkaichi no Onna, une intrigue historique et romantique sur fond de théâtre traditionnel japonais.

Tomber pour mieux se relever.

L’histoire démarre avec un jeune Tōhaku Hasegawa fougueux, prêt à tout afin de travailler pour un des peintres les plus réputés du Japon, l’artiste attitré de la famille royale : Eitoku Kanô. Malheureusement, sa demande ambitieuse se solde par un terrible refus ! Cet échec ne l’empêche pas pour autant de devenir lui-même artiste. Ce souvenir émane des rêveries du protagoniste, alors bien adulte, au milieu de son atelier. Un événement terrible le sort brusquement de son flashback : Nobunaga Oda, le premier des trois unificateurs du Japon pendant la période Sengoku, a été assassiné à la suite d’un coup d’état et son château brûle !

Tōhaku Hasegawa, qui se trouvait dans la capitale avec l’espoir de pouvoir un jour voir la peinture de son idole, voit son but ultime partir littéralement en cendres. Le jeune peintre se rue alors désespérément dans le château en flammes afin de voir cette œuvre considérée comme celle de toute une vie. Hasegawa ressort de cette expérience traumatisante investi d’une flamme intérieure ardente. Il ne veut pas réitérer l’erreur de son icône spirituelle et décide de transmettre son savoir en fondant son école d’art. Ce but altruiste découle de son désir premier de reconnaissance, qui le motive d’autant plus à se dépasser pour devenir un artiste réputé dans le pays !

Prendre part à un vécu au plus près.

Après son introduction émouvante, la suite de l’histoire se concentre sur l’évolution du personnage et de ses œuvres. Le manga ne cherche pas à établir seulement un résumé condensé de la vie de Tōhaku Hasegawa en tant qu’artiste. Il raconte aussi des pans de l’histoire personnelle de l’homme et se focalise sur les sacrifices qu’il a dû effectuer pour se hisser jusqu’au succès auquel il prétendait. Le Mandala de Feu met en scène les questionnements intérieurs et universels qui tiraillent Hasegawa. À travers son expérience propre, voire ses regrets, la morale du titre s’esquisse. Elle appelle à se recentrer sur les éléments importants de nos vies, sur nos buts profonds pour se donner les moyens de s’accomplir.

Une concision efficace.

Cette volonté de la mangaka de dresser un portrait dense du peintre légendaire avait de quoi surprendre, surtout dans un one-shot. Le récit avance intelligemment, avec une fluidité remarquable. Tous les moments mis en scène servent la narration et la transmission du message optimiste du manga. Pour parfaire le tout, ce dernier ne manque pas de péripéties comme en témoigne le duel au sommet entre le héros du manga et son inspirateur Eitoku Kanô. Les deux artistes et rivaux de circonstance doivent redécorer le palais impérial après l’incendie et surpasser leur opposant au prix de nombreux sacrifices.

Débordement de vie inerte.

Les dessins de Chie Shimomoto rendent respectueusement hommage à l’histoire du peintre. Ses illustrations visent même à insuffler la vie aux œuvres de son prédécesseur dont elle narre le vécu. La mise en mouvement des peintures souligne la pluralité d’interprétations et la puissance évocatrice qui peuvent émaner de chaque toile, et de chaque œuvre picturale par extension. La passion des artistes se ressent ainsi, de même que l’impact que le fruit de leur labeur peut avoir sur leurs vies personnelles et sur celles de leurs spectateurs.

L’autrice parvient tout aussi bien à rendre crédibles les êtres vivants de son univers grâce à des expressions faciales réalistes. Toute une palette d’émotions se dévoile et humanise ses personnages : la peur, la tristesse, la détermination entre bien d’autres se dégagent des personnes dépeintes. Si ce point primordial est réussi, j’ai cependant particulièrement aimé les passages où Shimomoto fait se mouvoir les toiles des personnages. Les artistes se retrouvent transportés dans leur propre créativité et y côtoient momentanément des paysages magnifiques, des animaux ou des créatures mythologiques lors de moments de pure fantaisie.

Un destin atypique mais relativement calme.

Je ne vais pas vous mentir, Le Mandala de Feu ne fait pas partie de mes lectures habituelles. Je ne suis pas spécialement fan des lectures biographiques ni passionné par la peinture en général. Toutefois, j’étais surpris de comprendre la présence de ce manga parmi les titres de lancement de Mangetsu. Et je dois dire que je me suis surpris à apprécier cette lecture et à en apprendre plus sur ce grand peintre qu’est Tōhaku Hasegawa. Pour les curieux enclins à en apprendre davantage sur l’histoire du Japon par le biais d’une authentique histoire motivante, il y a fort à parier qu’ils y trouveront leur compte.

En revanche, je préfère ne pas recommander cette lecture à tous à cause de son rythme maîtrisé mais volontairement lent. La réputation du peintre le précède, que l’on connaisse ou non son œuvre, et la fin de ce tome unique s’avère de fait assez prévisible. Le destin de Hasegawa se montre aussi motivant que relativement paisible. C’est une histoire à la morale purement shonen-esque que donne à lire ce manga, sans la nervosité attendue de ce genre de mangas.

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