Comics, Mangas & BD

[Review] Once & Future #1 : La légende arthurienne décomplexée.

[Review] Once & Future #1 : La légende arthurienne décomplexée.

Les légendes peuvent permettre à des créateurs, talentueux ou fainéants, d’imaginer leurs propres récits dans un univers préexistant voire de fonder leurs histoires en puisant dans ce fond mythologique. La légende arthurienne en est un très bel exemple tant le fils d’Uther Pendragon a su inspirer les artistes de tout temps au sein d’œuvres diverses et sur des médias variés. Dans le monde des comics aussi, le Roi Arthur s’est vu approprier par de nombreux auteurs, aussi bien chez les Big Two qu’au sein de titres plus confidentiels publiés par des éditeurs indépendants.

Après vous avoir parlé du confus et indigeste Unholy Grail de Cullen Bunn, je ne pensais pas recroiser la route du souverain de Camelot dans les pages d’un comic book de sitôt. Et pourtant. Lors de mes recherches pour Wade-Actu, j’en étais venu à vous parler brièvement d’Once & Future, un titre publié par BOOM! Studios, écrit par Kieron Gillen et dessiné par Dan Mora, initialement pensé comme une mini-série.

Le succès du premier numéro de cette nouvelle histoire fut tel que l’éditeur a décidé de la hisser au rang de série régulière, décision rare permettant à l’équipe créative de développer son univers sur une période virtuellement infinie. Surpris par cet étonnant engouement, j’ai commandé ledit numéro pour comprendre si l’entrain des lecteurs VO était justifié ou non. Et il l’est assurément.

Once & Future raconte la formation d’un duo familial improbable, composé d’une ancienne chasseuse de vampires et de son petit-fils maladroit, devant contrecarrer les desseins d’un groupe occulte souhaitant ressusciter le « bon » Roi Arthur à l’aide d’une relique ancienne. Cette trame classique pourrait refroidir les potentiels lecteurs craignant de découvrir un comics sympathique mais anecdotique.

L’intrigue du titre se fonde sur des lieux communs que vous connaissez certainement grâce, entre autres, à Indiana Jones et de son groupe de méchants à la recherche d’un artefact occulte et à Men In Black par l’aspect insolite de son duo de personnages principaux. Ces poncifs scénaristiques auraient pu nuire à l’originalité du titre tant ils ont pu être exploités à tort et à travers. De plus, la légende arthurienne représente, elle aussi, un puits créatif riche mais aussi trop souvent exploitée avec fainéantise, pour camoufler un manque d’inspiration. Heureusement, Kieron Gillen assimile si bien ces clichés qu’il finit par les revitaliser brillamment afin de les mettre au profit de l’univers fantastique dense du titre.

Les protagonistes de l’histoire, Bridget et Duncan McGuire, entrent en résonance avec des tas de personnages littéraires ou audiovisuels déjà existants. Pourtant, Gillen les rend immédiatement attachants à l’aide d’une mécanique bien huilée. Sa mamie badass et aguerrie balance des punchlines à tout va aux côtés de son petit-fils décontenancé, dépassé par le monde incroyable qu’il découvre en même temps que le lecteur. L’identification entre les deux est ainsi optimisé puisque Duncan devient son repère diégétique, son miroir fictionnel. Le décalage créé entre l’assurance de Bridget et la stupeur de Duncan aboutit à de nombreuses situations humoristiques réussies.

Si l’auteur n’accumule pas les prouesses d’inventivité pour l’introduction de son titre, il confectionne tout de même une histoire à l’efficacité infaillible et au potentiel évident. Le fil rouge, mis en avant par les premières et quatrièmes de couvertures des nombreuses rééditions de ce premier chapitre, se montre timidement au début de celui-ci et revient tout aussi furtivement dans les dernières pages. Ce choix risqué fonctionne si bien que le cliffhanger qui en découle donne envie de lire la suite d’Once & Future dans les plus brefs délais !

Comme le fond, l’efficacité de la partie graphique du titre est à couper le souffle. Même s’il se repose sur des figures connues, l’onirisme de ce monde à peine dévoilé dans cette première issue parvient déjà à convaincre le lecteur et d’éblouir ses mirettes. Les illustrations de Dan Mora y sont pour beaucoup : le dynamisme et l’impression de mouvement qui s’en dégagent forcent le respect. Pour parfaire ce tableau déjà enchanteur, le niveau de détails qu’apporte l’artiste aux personnages et aux créatures bluffe. Ainsi, l’expressivité des êtres vivants du titre atteint des sommets et participe à rendre sa lecture indéniablement agréable.

La magnificence des dessins découle aussi du sublime travail de colorisation opéré par Tamra Bonvillain nimbant discrètement et élégamment le récit d’une dimension magique d’emblée. Elle déploie une vaste palette de couleurs qui insuffle de la vie dans chaque décor et qui émerveille à chaque page !

Cette association illustre avec brio l’écriture cinématographique de Kieron Gillen, au point d’élever les visuels d’Once & Future au statut d’attrait principal du titre. La vivacité du style de Gillen se lie d’une cinéphilie évidente et subtilement réutilisée comme en témoigne, par exemple, la moquette de la maison de retraite de Bridget reprenant le motif de l’Overlook Hotel de Shining !

Si vous êtes à la recherche d’un récit décontracté et accrocheur, c’est Once & Future qu’il vous faut ! En partant pourtant de situations communes et d’un canevas incontournable de l’imaginaire collectif, l’équipe créative du titre a réussi prodigieusement à créer un univers singulier et riche, peuplé de personnages instantanément passionnants. Kieron Gillen s’accapare la légende arthurienne pour sa propre aventure enchantée et pleine d’humour. L’efficacité scénaristique du titre entrent en symbiose avec la virtuosité visuelle des dessins de Dan Mora et de la colorisation exceptionnelle de Tamra Bonvillain.

Cette review est désormais terminée ! J’espère qu’elle rend suffisamment honneur aux qualités de ce premier numéro d’Once & Future et qu’elle vous aura plu même si elle a pris du temps à voir le jour. C’est pour moi un véritable retour aux sources, au type d’articles que je prends le plus de plaisir à faire. Avant de vous donner rendez-vous pour de nouveaux articles prochainement, je réitère mes remerciement envers mon ami Axel qui me prête son ordinateur et qui me rend ainsi possible l’écriture d’articles ! A très vite chers lecteurs. 😉

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.