[Review] Sheena : Queen of the Jungle #0
[Review] Sheena : Queen of the Jungle #0
Nous connaissons tous le roi de la jungle qu’est Tarzan, majoritairement grâce au film d’animation de chez Disney. Pourtant, il n’est pas le seul souverain de ces terres. En effet, au cœur de la forêt amazonienne règne Sheena, la reine de la jungle. Comme son homologue masculin, elle protège la faune, la flore et les secrets que renferment son territoire des envahisseurs extérieurs après la mort de ses parents lors d’un safari. La sérénité de son royaume est pourtant mise en péril lorsqu’un étrange objet volant non-identifié, qu’elle voit comme une « tortue volante« , survole un ancien temple sacré. En l’interceptant d’une flèche bien placée, ce mystérieux dispositif atterrit dans ledit temple. La voilà donc contrainte de pénétrer là où personne n’est autorisé à entrer pour réparer ses erreurs. Voici le point de départ de la dernière série en date concernant Sheena éditée par Dynamite, sobrement intitulée Sheena : Queen of the Jungle. Ce numéro introductif est scénarisé par Marguerite Bennett (DC Comics : Bombshells, Angela : Queen of Hel, InseXts, Animosity) et par Christina Trujillo, dont c’est le premier travail dans le monde des comics. La partie graphique est assurée par Moritat (All-Star Western chez DC, Elephantmen, The Spirit) accompagné par Andre Szymanowicz pour la couleur.
Avec un personnage si peu vêtu et une histoire similaire à celle de Tarzan, je m’attendais à y trouver du pur fan-service graveleux et inintéressant au possible. J’ai été surpris de voir à quel point cette issue m’a donné tort, au moins sur le premier point. La tenue de Sheena laisse certes entrevoir son corps, mais il n’est jamais surexposé pour le simple plaisir libidineux du lecteur. L’agilité et la combativité de la guerrière priment sur le potentiel érotisant de son accoutrement, la rendant attachante pour son caractère et pas pour son physique. Sa réaction face au drone en forme de soucoupe volante, entre l’effroi et la fascination, découle de sa vie loin de la technologie et fait sourire par son innocence touchante.
Les éléments fondamentaux du personnage sont réutilisés dans ce reboot, comme la capacité de Sheena à parler aux animaux, mais la plupart ne sont pas expliqués. Par exemple, elle se souviendra brusquement de ses parents disparus en trouvant un appareil photo dans le temple sacré. Et bien, si je n’avais pas effectué quelques recherches pour cette review, je n’aurais pas su qui étaient les personnages montrés à ce moment-là.
Sans être un véritable défaut, cela reste regrettable que ce bref chapitre introductif ne remplisse pas complètement son rôle de présentation du personnage aux nouveaux lecteurs. Le twist de fin ne m’a pas réellement touché, il permet néanmoins de s’imaginer ce que donnera la suite de la série.
Les somptueuses illustrations de ce chapitre se présente comme son plus gros point fort. Avec un style se rapprochant davantage de la BD franco-belge que du comics, Moritat apporte une véritable atmosphère énigmatique et sauvage à l’aventure de cette Lara Croft improvisée, pendant laquelle le danger semble rôder à chaque instant. Les détails conférés aux murs du temple lui confèrent une crédibilité indéniable et une impression d’être un dédale sans fin. Malheureusement, ce n’est pas le cas puisque la reine de la jungle arrivera à s’en défaire en quelques pages. Mais c’est l’intention qui compte dirons-nous.
Sans vraiment expliciter tous les éléments inhérents au personnage de Sheena, ce chapitre zéro propose une histoire accessible et donne envie de suivre les péripéties de la reine de la jungle. Sans être riche en rebondissements, cette introduction ouvre une piste efficace pour les aventures à venir dans les numéros suivants. La partie graphique de Sheena : Queen of the Jungle #0 reste son attrait principal tellement le style de Moritat arrive à rendre charmante et intrépide sa protagoniste. Il illustre merveilleusement un scénario basique mais qui a le mérite de caractériser Sheena, en l’élevant au-delà de son état de sex symbol. Ce respect pour ce personnage féminin se manifeste dans l’honorable économie de tomber dans la sur-sexualisation de celui-ci, qui possède pourtant une tenue qui s’y prête allègrement. Sheena est montrée comme une femme forte, prête à se battre pour protéger son territoire des intrus. Et rien que pour ça, ce numéro zéro ne se contente pas d’être une simple lecture divertissante. On espère simplement que la suite de la série continuera d’estimer son personnage central en lui proposant des aventures captivantes et en approfondissant sa personnalité, sans la réduire à un état de bimbo sauvage.
J’espère que cette (brève) review vous aura plu chers lecteurs ! Il est vrai que je m’attarde depuis quelques semaines à des issues en V.O., souvent constitués d’une vingtaine de pages à peine, mais rassurez-vous, les études vont enfin me laisser souffler un peu, et je m’attarderais donc bientôt sur des ouvrages plus fournis, pour votre plaisir et pour le mien ! A bientôt donc. 😉