[Review] TMNT : Casey & April
[Review] TMNT : Casey & April
Bien le bonjour les amis ! Alors oui, aujourd’hui nous parlons des Tortues Ninja. Vous pourriez donc croire qu’il s’agit d’un article des plus communs sur le blog compte tenu de ma passion pour la licence. Et pourtant, il n’en est rien ! En effet, je m’attaque pour la première fois à un titre en VO.
Ce choix ne découle pas d’une envie de suivre les toutes dernières nouveautés, ni de passer à la langue de Shakespeare pour mes lectures à vrai dire. L’objet de ma critique se révèle en fait être un arc non publié chez nous à cause de sa qualité insuffisante aux yeux de Sullivan Rouaud, le directeur de publication de HiComics qui s’occupe entre autres des TMNT en France. Les plus attentifs se souviendront que je vous en avais déjà parlé dans la review du tome 11 de la série régulière ! Malgré cet avertissement, ma curiosité m’a incité à me faire mon propre avis et à vous en parler ici même. En route donc pour la mini-série TMNT : Casey & April !
Ce dérivé de la série principale, dans le sens où ce spin-off s’inscrit organiquement dans la continuité des Tortues Ninja d’IDW tout en étant à part, est scénarisé par Mariko Tamaki. L’autrice est notamment connue pour le roman graphique Harley Quinn : Breaking Glass, pour ses bandes dessinées Skim et Cet été-là illustrées par sa cousine Jillian Tamaki et pour la très récente mini-série Dark Detective dessinée par Dan Mora dans le cadre de l’événement Future State de DC Comics !
Néanmoins, les pontes de TMNT ne sont jamais très loin afin d’assurer la cohérence de la chronologie globale de la licence : Kevin Eastman, Tom Waltz et Bobby Curnow veillent au grain !
Les dessins sont quant à eux confiés à Irene Koh, qui a aussi officié sur deux issues pour DC Comics et sur le roman graphique La légende de Korra : Guerres de territoire. Elle a aussi créé le comics Afrina and the Glass Coffin, un titre plus que confidentiel lisible sur l’application Stela, proposant visiblement un service similaire à WebToon avec un système d’abonnement payant.
Paul Reinwand et Brittany Peer complètent l’équipe créative du titre et en assurent la colorisation, respectivement Reinwand pour le premier chapitre et Peer sur les trois autres issues.
L’histoire, prenant place entre la fin de l’arc Vengeance et le début du dixième tome de la série principale, commence sur un semblant de road trip en compagnie de nos deux tourtereaux April et Casey. Nos deux héros voyagent à bord d’un van… Attendez une petite seconde, mais cela me rappelle vaguement le synopsis du début de Persona 5 Strikers dis donc ! Mais détrompez-vous, sous ces airs de voyage en amoureux, les protagonistes suivent en réalité un but bien plus primordial. Ils enquêtent en effet à la recherche d’informations sur le Panthéon.
Pour autant, le début de cette aventure s’avère mollasson, terriblement mou même. La première issue de la mini-série fait assister le lecteur à des événements artificiellement bavards, dénués de tout rebondissement. Casey et April discutent de leur enfance par exemple, ou déjeunent dans un drive-in… On a connu plus mouvementé. Néanmoins, Casey Jones se retrouve aussi à se battre avec des locaux, sans que ce passage ne parvienne à rompre la monotonie du chapitre.
Toujours à la recherche d’indices, le couple reprend la route et emboutit la voiture d’un vieil homme, ces maladroits ! April et Casey tentent alors de lui venir en aide du mieux qu’ils peuvent. C’était sans compter sur le fait que cette personne âgée n’était vraiment pas ce qu’elle laissait croire ! Les masques tombent et c’est le Roi des Rats qu’ils ont croisé sans le savoir ! L’immortel, agacé et amusé, décide de jouer à un petit jeu avec nos deux héros.
La deuxième issue se focalise d’abord sur une April seule au volant du van. Elle se dirige vers la prétendue maison de la sœur du vieil homme rencontré quelques pages auparavant. April, comme Casey d’ailleurs, divergera de son objectif initial : elle pour aider une mère de famille en panne, tandis que son conjoint croisera la route d’un groupe de soin spirituel perdu en plein désert…
Après cette petite péripétie, April finit par arriver à destination, une caravane mystérieuse posée au milieu des étendues de sable l’attend. Pour couronner le tout et épouser à bras le corps les clichés, son téléphone n’aura évidemment plus de réseau…
De son côté, Casey se rend à la station essence où il devait rejoindre sa dulcinée. Il tombera sur un lieu délabré, dépossédé de tout signe de vie, comme s’il était abandonné depuis des années et des années. Casey comprend rapidement que quelque chose ne tourne pas rond et se met désespérément à la recherche d’April. Cette dernière, recevant difficilement l’appel de Casey, n’entend pas ses mises en garde et pénètre dans la caravane qui se révèle en fait être un téléporteur vers un autre endroit totalement différent !
Ainsi se termine le deuxième numéro de Casey & April. La moitié de la mini-série est déjà atteinte, et il ne s’est pourtant toujours absolument rien passé d’intéressant dans cette histoire à mes yeux… Après la lecture de cette seconde issue, j’ai abandonné tout espoir d’être agréablement surpris par la mini-série et je comprends mieux la réticence de Sullivan à publier cet arc en VF.
Casey & April brille par sa lenteur ennuyante, par son intrigue inintéressante, et par sa partie graphique bien en deçà des standards de l’ongoing, autrement dit du titre principal que vous pouvez retrouver chez HiComics. Les dessins souffrent clairement de la comparaison avec le niveau des autres dessinateurs précédemment vus sur la série principale… Sans même enfoncer le couteau dans la plaie en évoquant Mateus Santolouco ou Sophie Campbell, Irene Koh fournit ici à peine plus que le service minimum. Ses planches sont tristement vides, composées de cases pratiquement sans aucun arrière-plan, remplies non sans peine par les coloristes n’arrivant pas pour autant à camoufler la misère visuelle proposée.
De plus, sa conception physionomique, qu’on dirait étrangement issue d’un mélange entre un John Romita Jr en petite forme et des visages juvéniles d’un manga générique, donne l’impression que Casey et April n’ont guère plus d’une dizaine d’années dans cette aventure. Évidemment, cette dépréciation reste subjective ; je ne doute pas que des personnes puissent peut-être apprécier l’économie de moyens de Koh mais je ne suis en tout cas nullement convaincu face à la pauvreté graphique de la mini-série.
La troisième et avant-dernière issue s’ouvre aux côtés d’une April perdue dans un genre de labyrinthe plongé dans le noir. La situation effraie logiquement notre héroïne, pendant que Casey se retrouvera lui aussi enfermé dans un labyrinthe en fuyant la station essence ! Ces dédales fantasmagoriques plongent les deux amants dans une profonde introspection. De quoi leur laisser une nouvelle occasion de parler sans cesse, pour mon plus grand plaisir évidemment… J’arrête l’ironie. Casey et April doivent faire face à leurs peurs les plus primaires s’ils veulent surmonter cette épreuve mystérieuse et se retrouver. Ils finissent par y arriver et, après des retrouvailles émouvantes pleines d’excuses, le couple tombe dans le vide avant de se retrouver face au roi des rats, et c’est la fin ! Enfin presque, il reste un ultime chapitre avant de clore ce récit soporifique et oubliable.
Le dernier numéro de Casey & April reprend sur un flashback dans lequel Leonardo avertit April au sujet du parchemin qu’elle pensait avoir trouvé par hasard. Retour dans le présent, avec le roi des rats guidant nos amoureux dans l’entre-mondes jusqu’à sa sœur, Aka ! Les deux membres du Panthéon invitent donc April et Casey à manger… et à poser des questions. Oui, vous l’avez compris aux points de suspension horripilés, ça va encore jaser !
Le couple, inquiet mais dont la quête approche de son terme, montre le fameux parchemin à la fratrie mystique. Ce dernier se révèle en fait comporter un petit morceau de l’arbre généalogique des immortels, permettant d’en apprendre un peu plus sur ces êtres qui jadis régnaient sur le monde. Certains sont des dieux, d’autres des monstres ou des créatures protéiformes. Ce chapitre, qui a au moins le mérite d’informer les lecteurs les plus courageux et les plus investis dans l’univers des Tortues, dévoile la guerre que mènent les immortels entre eux et qui menace de s’abattre sur l’humanité.
Le roi des rats affiche un amusement presque sadique à converser avec le couple. Cependant, cela fait sûrement partie d’un plan de plus grande envergure mené par le Rat King. Aka annonce au tandem que sa famille est en train de se rassembler à l’occasion d’un conflit à venir et qu’April aura un rôle majeur à jouer dans le futur changement du monde. Après ces révélations aussi graves qu’énigmatiques, Aka et le Rat King renvoient les deux humains dans le monde réel. En ouvrant le parchemin, April trouve une plume d’Aka et comprend par la même occasion la mission qu’elle aura à accomplir à l’avenir ! La fin de la mini-série raccorde directement avec la série principale puisque April utilisera le cadeau d’Aka dans le tome 11 !
J’avais été prévenu de la qualité relative de ce spin-off par plusieurs personnes dans mes contacts, et notamment par Sullivan bien renseigné sur les Tortues Ninja. J’ai quand même voulu le découvrir et me forger mon propre avis, étant aussi motivé par le fait de combler mes lacunes que à propos d’Aka et du Panthéon. Je vais invoquer Malcolm et la phrase culte de Dewey que vous connaissez sûrement pour résumer ma pensée sur Casey & April : « Je ne m’attendais à rien mais je suis quand même déçu ». Cette phrase corrobore parfaitement avec mon ressenti vis-à-vis de cette histoire. Le scénario ne décolle jamais véritablement et manque cruellement d’enjeux. Pire, le récit ne répond à aucune des questions laissées en suspens dans la série principale et en rajoute même un paquet. La seule raison qui peut justifier la lecture de ce titre fade reste la première apparition d’Aka, au final complètement dispensable. Pour ne rien arranger, les dessins oscillent à mon sens entre le correct et le médiocre. La partie graphique ne me plaît pas du tout, les pages et les cases paraissant toujours plus vides et outrageusement épurée. La mini-série n’est même pas à réserver aux fans les plus passionnés car la désillusion n’en sera que plus douloureuse. Passez votre chemin afin d’économiser du temps et de l’argent, cette critique contenant les quelques maigres informations dont vous pourriez avoir besoin pour profiter des aventures des Tortues, bien plus trépidantes et captivantes que cet essai raté !
C’est sur ces mots acerbes mais nécessaires que je conclue ma review. N’hésitez pas à venir en discuter avec moi si vous me trouvez trop dur ou, à l’inverse, si mon avis fait écho au vôtre ! Et sur ce, prenez soin de vous, à bientôt !