[Review] TMNT – Tome 0 : Nouveau Départ !
[Review] TMNT – Tome 0 : Nouveau Départ !
Hello les ninjas ! J’espère que vous allez bien ! Aujourd’hui est un grand jour, nous y voici enfin ! À quoi me direz-vous avec une pointe d’enthousiasme teintée d’incompréhension ? Et bien, après avoir critiqué tous les tomes de la série actuelle consacrée aux Tortues Ninja depuis sa reprise par HiComics en France, dont le récent neuvième tome chamboulait complètement l’univers des mutants, après avoir abordé les micro-séries dédiées à des aventures vécues individuellement par les enfants de Splinter et après avoir évoqué de curieux crossovers impliquant la licence adulée des années 80, il était plus que temps de parler de l’imposant tome 0. Mais qu’est-ce donc ? Ni plus ni moins qu’un volumineux recueil compilant les fameux ouvrages édités il y a fort longtemps chez Soleil et dont le premier tome était devenu parfaitement introuvable sans céder aux tarifs outrageusement excessifs proposés par des opportunistes sur Internet. Cet omnibus proposé par les successeurs de Soleil au sujet des TMNT, l’éditeur HiComics que l’on ne présente plus à force, constituait à la fois un objet de collection attendu depuis des années par les fans des Tortues et un moyen efficace de court-circuiter ce marché alternatif peu scrupuleux. Toutefois, un peu plus d’un an après sa sortie, ce tome salvateur est désormais lui aussi en rupture totale et se retrouve lui aussi exhibé à prix d’or par des vendeurs peu conciliants avec les retardataires comme mon collègue Kaisuke qui s’en mord allègrement les doigts chaque jour.
Les qualités éditoriales de cette compilation ne se résument pour autant pas uniquement à sa taille massive. La galerie postface de l’omnibus est gigantesque et contient une trentaine de covers réalisées par différents artistes importants dans l’histoire des Tortues Ninja, en commençant par l’illustre Kevin Eastman ! La magnifique couverture exclusive au marché français réalisée par Mateus Santolouco participe aussi beaucoup à la majesté du livre. Regardez par vous-même !
La review que nous allons désormais entamer représente un cap symbolique à mes yeux. Ayant adoré la suite des présentes aventures, elle aussi publiée chez HiComics depuis mars 2018, j’étais pressé de découvrir le réel point de départ de ces dernières. J’ai néanmoins mis beaucoup de temps à me plonger dans ce pavé levant le voile sur les origines de nos fameuses Tortues Ninja. Dans ma vie de fan, j’ai eu l’occasion à plusieurs reprises de découvrir différentes versions de leur origin story par le biais de plusieurs médias : dans les films ou les séries animées de mon enfance mais aussi, plus récemment, avec les long-métrages produits par Michael Bay faisant office de reboot de la franchise au cinéma. Mes souvenirs de ces récits originels partagent de nombreuses similitudes et suivent finalement la même idée globale impliquant des tortues et un rat dans un laboratoire exposés à un mutagène qui les métamorphosent en animaux anthropomorphiques très doués en arts martiaux !
La naissance de ces personnages iconiques l’étant presque autant qu’eux, je la connaissais déjà assez précisément. Par contre, j’étais particulièrement curieux de découvrir les origines de Old Hob puisque je ne savais absolument rien des motivations qui poussent nos ninjas préférés à affronter le chat borgne et sa bande. Le lecteur néophyte apprendra ainsi que la rivalité qui anime les deux camps est née avant que Splinter, ses enfants et Old Hob ne deviennent des mutants. Cet événement s’avèrera tragique à plusieurs échelles puisqu’il forcera la famille de Splinter à se scinder, laissant un Raphaël paniqué et complètement seul, sans personne pour le guider dans sa nouvelle vie. C’est au cours de ce moment de confusion intense que la tortue anthropomorphe rencontre Casey Jones, avec qui il deviendra ami et ira botter quelques fesses ! Le hasard finit par réunir Raphaël et le reste de sa fratrie lorsqu’il tombe, avec son partenaire humain masqué, dans une embuscade de Old Hob. Donatello, Michelangelo et Leonardo viendront à leur rescousse pour les sortir de ce guet-apens !
Les péripéties des tortues suite à leur transformation dans les rues de New York font écho à une situation similaire vécue par Splinter, narrée au travers de flashbacks, s’étant déroulée à l’époque où il était encore Hamato Yoshi, les deux situations sont habilement mises en parallèle par les auteurs et par le personnage de Splinter lui même !
Tout un tas de réponses au sujet de questions pouvant sembler anodines obtiennent leurs réponses ici. Par exemple, saviez-vous pourquoi les tortues portaient toutes un bandeau rouge à l’origine ? Et bien, ce choix renvoie à la couleur fétiche de Raphaël et constituait une forme d’hommage de la part de ses frères lorsqu’il était encore porté disparu !
Ce tome s’attarde assez longuement sur la rivalité entre les deux patriarches mutants, Hob et Splinter. Armé et dirigé par le professeur Stockman, le félin donnera du fil à retordre aux Tortues : il parviendra à détruire la planque de nos tortues grâce aux robots de Stockgen et capturera même Splinter, le seul porteur « parfait » du mutagène ! Si Hob représente l’antagoniste principal de l’omnibus, de multiples aventures ont lieu durant les 416 pages qui le composent. Celles-ci amènent nos héros à faire la connaissance de personnages importants pour la suite, tels que Angel ou Slash. En plus d’élargir la galerie de personnages secondaires du titre, l’intrigue prend le temps de leur conférer une personnalité reconnaissable et développent les liens qui les unissent aux Tortues. Ces dernières ne manquent pas non plus de caractérisation et se distinguent nettement sur le plan psychologique, et pas seulement grâce à leurs bandanas colorés.
Dès le lancement du titre en 2011, Kevin Eastman, le cocréateur de la licence, et Tom Waltz voyaient plus loin que l’actualisation du commencement des Tortues. Traduisant probablement leur ambition de renouer avec le succès qu’avait connu les TMNT durant les années 80, le comic book introduit déjà d’autres ennemis des Tortues au sein de ses pages. Ainsi apparaît sporadiquement l’existence du Clan Foot dont la menace se tisse en toile de fond tout le long du tome afin d’annoncer les combats à venir entre l’organisation de Shredder et les Tortues d’enfer.
La singularité du postulat de base de la franchise TMNT pourrait refroidir les lecteurs complètement étrangers à cette dernière. En effet, le titre conserve l’excentricité, à la limite du ridicule voire de la parodie des canons de l’époque, de la série originelle. Pour autant, cette composante essentielle se fond naturellement dans l’histoire familiale mouvementée de maître Splinter et de ses élèves. L’impact émotionnel qui en émane permet un attachement immédiat et durable à la fratrie et ce, sans même compter la nostalgie pouvant rattacher les personnages et le lecteur.
Plusieurs artistes ont mis leur coup de crayon au profit des seize issues compilées dans cet omnibus de pure folie. Le premier d’entre eux, Dan Duncan, a illustré pas moins que douze d’entre elles en étroite collaboration avec Eastman. Le père des Tortues Ninja fournissait la mise en page qu’il souhaitait avant que Duncan ne s’attelle à les mettre en forme avec son style propre. Duncan arbore un style assez mature, généreux en traits divers, au point d’en devenir parfois assez brouillon. Malgré ça, j’aime beaucoup l’allure qu’il a su donner aux Tortues ou à Shredder !
Son remplaçant, Andy Kuhn, se chargea de la partie graphique des deux derniers arcs narratifs du tome, Sins of the Fathers et Blood Brothers. Il dispose d’un style plutôt cartoon, moins détaillé que son prédécesseur. Cette simplicité favorise le dynamisme de ses dessins et rappelle de manière lointaine les traits abruptes de Mike Mignola !
Sans êtres mauvais, ces deux dessinateurs ne figurent pas parmi mes artistes préférés ayant œuvré sur cette licence. En même temps, la comparaison avec Santolouco notamment provoque une dépréciation assez légitime de leur trait. Pour autant, cela n’a absolument pas gâché mon immersion dans cet omnibus, d’autant que de nombreuses planches de ces deux artistes restent tout de même de grande qualité.
Et que dire de nouveau sur les dessins de Mateus Santolouco ? Il n’officie ici que le temps d’un bref flashback et pourtant, son passage se remarque par sa qualité incontestable ! Dynamisme, sens du détail pointilleux, rien de plus que d’habitude donc, il reste pour moi le meilleur illustrateur de la licence et ce constat ne changera pas de si tôt !
Bien que chaque artiste de l’ouvrage propose un travail soigné, il paraît indéniable de souligner qu’il dispose chacun de styles totalement différents comme vous pouvez le constater ci-dessous ! Le tout ne m’a pas vraiment dérangé durant ma lecture, car je n’ai pas lu l’omnibus en une seule fois mais en respectant le découpage initial en plusieurs tomes distincts. Heureusement, le travail impeccable de la coloriste attitrée de TMNT, Ronda Pattison, tend à harmoniser tous la partie graphique de la série en s’adaptant au niveau de détails des planches. Toutefois, cette disparité peut déranger et nuire à la cohérence graphique du titre car les personnages changent radicalement de têtes selon les artistes. Sur ce point, seule votre sensibilité personnelle pourra éventuellement contrarier votre lecture par moments.
Cet omnibus est un objet d’une grande qualité en lui même avec sa couverture inédite magnifique et sa galerie de covers en fin de volume. En plus de ses mérites éditoriaux, ce tome 0 propose de suivre un scénario vraiment prenant narrant des origines, certes ressassées au fil des décennies, mais qui méritent le détour ! Les premières interactions musclées entre les protagonistes de la série et leurs opposants ont lieu ici, de même que leur rencontre avec des alliés iconiques. Cet ouvrage volumineux permet d’apercevoir l’inventivité du duo de scénaristes Eastman/Waltz, toujours à l’œuvre près de dix ans après le lancement du comics ! Quand on sait ce qui se passe dans les tomes qui sortent à l’heure actuelle chez HiComics, on ne peut définitivement pas fermer les yeux sur les débuts de cette licence si l’on souhaite en apprécier le plein potentiel ! Il s’agissait donc d’un passage obligatoire pour un passionné de la série comme moi. Pour conclure, il s’agit à mes yeux d’un livre indispensable pour tout fan de TMNT qui se respecte ! Le tome est devenu difficile à trouver, à l’instar de ses prédécesseurs publiés par Soleil, mais je suis intimement convaincu qu’une réimpression ou une autre édition saura combler les fans qui n’ont pas pu le récupérer à temps ! Il s’agit vraiment d’une entrée en matière incroyable pour cette série qui l’est tout autant par la suite ! Que vous dire pour finir à part : Soutenez les TMNT chez HiComics, ça en vaut vraiment le coup !
Si le titre vous plaît autant qu’à moi (ou pas d’ailleurs), n’hésitez pas à venir en parler sur les réseaux sociaux ou en commentaire de cette review qui, je l’espère, vous aura plu !